Non loin d'ailleurs à des années lumière d'ici, sous un ciel pourpre à peine levé on sentait déjà cette boule de feu pénétrant la poitrine des hommes foudroyante encore et encore le sol, abrutissant les quelques branchages d'arbres délabrés sans vie depuis des lustres. Le ponton était chargé de brume matinale et comme d'hab les odeurs vacquaient au gré des déplacements d'air.
Des mirages mêlés d'ivresses au loin; des silhouettes ayant oubliées de rentrer titubantes et fumantes les torses nus à l'air libre séchés de sel et de rides. Quelques embarcations s'en allèrent prises dans cette masse d'huile sans vent sans bruit elles filaient tout droit comme elles en avaient l'habitude, une routine de tous les jours, soumises.
En prenant soin de regarder au loin immobile et bloquant sa respiration, on pouvait surprendre de p'ti points noirs gesticulant, jetant des filets à l'eau, à babord et ou à tribord les formes bougeaient sans cesse. Des imperfections sur une toile laissées volontairement par l'auteur n'ayant pas eu vraiment le temps de finir son oeuvre sans se douter un instant.. que cela resterait gravé ainsi.
Le frêle mât se confondait avec cette légère brume envahissante, fuyante. La coquille de noix faisait partie du décors peinte en bleue épousant l'océan. Comme des points crevant l'instant s'empilant les uns aux autres se détachant de l'horizon innondés de tant de clarté minée par la chaleur mais toujours aussi visibles; les silhouettes se distinguaient. Le temps d'une énième sortie en mer les hommes étaient devenus grains de café.